Journaliste gastronomique, à la gueule aussi fine que grande, Stéphane Méjanès signe un petit livre très amusant sur la critique gastronomique. Cette discipline a toujours intrigué, voire fasciné et de nombreux livres (témoignages, mode d’emploi…) ont déjà été écrits sur le sujet. Mais l’originalité du livre de Stéphane est de brosser 10 portraits-types de critiques gastronomique dans un nouveau contexte où les cartes ont été largement rebattues par l’explosion des réseaux sociaux et l’arrivée d’une nouvelle génération de chefs. Le résultat est tantôt féroce (le tyran), tantôt mignon (l’ingénu).
Le pique-assiette vient avant tout pour se nourrir, peu importe l’événement ou le resto, la Diva est la vedette principale de ses articles, le blasé a déjà tout vu, tout goûté, l’influenceur est évidemment plus intéressé par le rendu de sa photo pour Instagram que par les saveurs complexes du plat, tandis que l’Antique se désespère du minimalisme sophistiqué de certains jeunes chefs : « Où sont les filets de boeuf à la Richelieu, la terrine de laitances de carpe normande, le fricandeau de veau aux épinards, les barbues à la Mornay, la selle de renne sauce venaison, le chaud-froid de becfigues, les faisans de bohême flanqués de perdreaux, le saumon Bellevue, l’Oreiller de la Belle Aurore, la mousse glacée Nesselrode et le Saint-Honoré à la crème chiboust ? Ce n’est pas la gloutonnerie qui l’anime, c’est la sauvegarde du patrimoine, Stéphane Bern est son alter ego de manoirs en ruine et des monarchies consanguines. ». (oui, on était obligé de citer ce passage qui nous a donné très faim !)
Evidemment les connaisseurs du système vont se précipiter sur ce livre dans le seul but de tenter d’identifier qui se cache derrière chaque portrait. Peine perdue (on a essayé) « Tailler une plume » n’est pas un règlement de compte, encore moins une auto-fiction à décoder, mais une sorte de mapping dans lequel chacun peut se positionner. En ce qui nous concerne : 15% Incognito, 30% Influenceur, 50% Ingénu, 5% Antique !
« Tailler une plume, croquons le critique gastronomique » de Stéphane Méjanès, Les Editions de L’Épure.
INFLUENCE A LA DATE DE l’ARTICLE : INSTA 4.212
A lire aussi :
« L’inspecteur se met à table » de Pascal Remy, Editions des Equateurs
« Comment se faire passer pour un critique gastronomique sans rien y connaître: 50 leçons pour être bien traité au restaurant » de François Simon, Editions Albin Michel